J’ai le plaisir de lancer la 16e édition du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse. Nous sommes très fiers de ce prix qui incarne au mieux les valeurs de l’Union européenne.
C’est avec grande émotion que je découvre chaque année les articles d’opinion et d’investigation, ainsi que les reportages audiovisuels si inspirants des finalistes. Ce qu’ils ont en commun, c’est souvent cette capacité de raconter des histoires difficiles. Des histoires qui nous interpellent. Des réalités parfois très dures à accepter. Mais surtout de donner la parole aux sans-voix.
Le message véhiculé par le Prix Samir Kassir, ainsi que sa symbolique, sont toujours aussi pertinents aujourd’hui, tant sur le plan local qu’international. La presse libre est la pierre angulaire de tout pays ou société, indépendamment de la géographie, de la culture et du système politique.
Nous avons hâte de recevoir encore plus de dossiers de candidature de ces femmes et hommes si courageux qui exercent une des professions les plus importantes et exigeantes de nos jours. Exigeante en raison des normes professionnelles rigoureuses auxquelles les journalistes doivent, à tout moment, se conformer. Exigeante aussi compte tenu de l’essor de la désinformation. Exigeante enfin du fait des menaces, du harcèlement, de l’intimidation et des attaques dont sont victimes les journalistes et les professionnels des médias, particulièrement dans cette région.
L’Union européenne défend fermement l’indépendance des médias. Nous sommes déterminés à protéger la liberté d’expression, y compris la liberté de la presse et le pluralisme de l’information, et à lutter contre toute forme de violence et de persécution contre les journalistes et les professionnels des médias.
Comme chaque année, le Prix sera décerné à quelques-un.e.s des meilleur.e.s journalistes de la région.
Restez connecté.e.s, suivez la campagne et participez aux événements en ligne. Et, surtout, joignez votre voix au combat pour la liberté de la presse !
Ralph Tarraf
Ambassadeur de l’Union européenne au LibanSamir Kassir est né le 4 mai 1960 d’un père libano-palestinien et d’une mère libano-syrienne. Il a vécu dans le quartier d’Achrafieh à Beyrouth et a étudié au Lycée Français, avant de s’installer à Paris en 1981, six ans après le déclenchement de la guerre libanaise, pour poursuivre ses études universitaires. Il décroche en 1984 son Diplôme d’Etudes Approfondies en philosophie politique de l’Université Paris I – Sorbonne, puis, en 1990, un doctorat en histoire contemporaine de l’Université Paris IV.
Lors de son séjour parisien, Samir a publié de nombreux articles dans Al-Hayat et L’Orient-Le Jour. Il a également écrit pour Le Monde Diplomatique et avait des contributions régulières dans Le Septième Jour et l’édition française de la Revue d’Etudes Palestiniennes.
En 1992, en collaboration avec son ami l’historien et l’éditeur syrien Farouk Mardam Bey, il publie « Itinéraires de Paris à Jérusalem », un ouvrage en français en deux tomes, qui relate l’histoire des politiques françaises au Machrek arabe, en particulier à l’égard de la Nakba palestinienne et du conflit israélo-arabe. Un an après la publication de ce livre, Samir est rentré à Beyrouth pour enseigner à l’Institut des Sciences Politiques de l’Université Saint-Joseph et rejoindre la rédaction du journal An-Nahar, comme éditorialiste et directeur de sa maison d’édition.
En 1994, Samir publie son second livre en langue française, « La guerre du Liban », basé sur sa thèse de doctorat, et analysant les dynamiques du conflit et l’imbrication des éléments intérieurs et extérieurs entre 1975 et 1982. Le livre a été traduit en langue arabe en 2008.
En 1995, Samir lance le mensuel francophone L’Orient-Express, qui s’est rapidement imposé comme le principal périodique culturel libanais. La publication s’est arrêtée en 1998 pour des raisons financières. A la même époque, il fonde la maison d’édition Al-Layali qui publie plusieurs recueils d’articles initialement parus dans L’Orient-Express, puis des catalogues d’affiches publicitaires de l’époque coloniale consacrés à des villes et lieux de villégiature méditerranéens et aux films égyptiens qui ont marqué les années 1960 et 1970.
Quant aux articles de Samir Kassir et ses éditoriaux du An-Nahar à la fin des années 1990 et au début des années 2000, ils sont considérés comme les principaux écrits opposés à la mainmise syrienne sur le Liban et le règne du président Emile Lahoud et des services de sécurité. Ils ont même pousse le Général Jamil Sayed, alors directeur général de la Sûreté Générale, et le principal pilier du système sécuritaire, à le menacer au téléphone et à le faire suivre dans ses déplacements, allant même jusqu’à confisquer son passeport à l’Aéroport international de Beyrouth en avril 2001, avant de le lui remettre suite à la levée de bouclier politique et culturelle.
En 2003, Samir publie son troisième livre en langue française « Histoire de Beyrouth » (traduit en arabe en 2007 et en anglais en 2011), qui relate l’histoire de la ville, ses familles, sa culture, son économie et son développement urbanistique et social, et décrit sa relation avec les autres régions libanaises et les grandes villes arabes et méditerranéennes. Suite à ce livre charnière de son parcours intellectuel, Samir publie en 2004 deux livres en arabe « La démocratie de la Syrie et l’indépendance du Liban » et « Askar Ala Min », regroupant une série de ses articles du An-Nahar, et consacrés d’une part au lien entre la transition démocratique en Syrie et l’indépendance du Liban et d’autre part à la contradiction entre les principes de liberté et les valeurs de la république avec la mainmise des militaires sur le pouvoir.
Samir a ensuite publié, en français, « Considérations sur le malheur arabe » (traduit en une dizaine de langues), analysant en profondeur les raisons de l’échec de la renaissance arabe de la fin du XIXe siècle, et refusant les écritures simplificatrices de l’histoire condamnant les arabes au déclin, pour prouver ensuite que leur malheur actuel est dû à la géographie plutôt qu’à leur histoire.
Samir Kassir, journaliste et écrivain, a été assassiné le 2 juin 2005 à Beyrouth, par l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture. Sa mort tragique s’est inscrite dans le cadre des tentatives répétées de museler les libres penseurs libanais, afin de mettre fin à l’Intifada de l’Indépendance et d’empêcher la propagation du vent de liberté né à Beyrouth.
Samir Kassir l’historien est ainsi entré dans l’histoire de Beyrouth. Ne se contentant pas de relater l’histoire de la ville, il y a également contribué.
Le modèle de renaissance intellectuelle incarné par Samir Kassir de son vivant et par sa mort, à travers ses articles et ses recherches académiques, le place à l’avant-garde des intellectuels libanais et arabes qui ont combattu la tyrannie et milité pour la liberté et l’indépendance de leur pays. Il a ainsi intégré le panthéon des martyrs du verbe.
Attachés à la mission de vie que représentait Samir Kassir et à la nécessité de renouveler la culture arabe à travers la libre expression des journalistes et des artistes, des intellectuels et des amis de Samir Kassir ont créé la Fondation Samir Kassir, officiellement inscrite à Beyrouth sous le numéro de registre 30/A.D. daté du 1er février 2006.
La Fondation Samir Kassir est une association à but non lucratif, œuvrant au sein de la société civile et dans les cercles culturels, pour diffuser la culture démocratique au Liban et dans le monde arabe, encourager les nouveaux talents de la presse libre et construire un mouvement en faveur du renouveau culturel, démocratique et laïc, le seul capable de sortir les peuples arabes de leur malheur.
La mission de la Fondation Samir Kassir s’article autour de trois axes complémentaires:
L’action de la Fondation n’est pas limitée à ces trois axes. Ces derniers en dessinent les contours, non seulement pour honorer la mémoire de Samir Kassir, mais également pour poursuivre son œuvre en faveur de la liberté et de la renaissance ; ces deux objectifs pour lesquels Samir Kassir a donné sa vie.
L’histoire du Prix Samir Kassir pour la liberté de la presse débute le 7 octobre 2005, quand la Commission européenne annonça la création de cette récompense de l’Union européenne lors d’une conférence de presse tenue à Beyrouth.
« Il est temps de réaliser et d’admettre que la liberté d’expression n’est pas un détail de la coopération avec l’Europe ni une option du dialogue. Il s’agit d’un droit inaliénable, d’un principe non négociable ». C’est par ces mots que le chef de la délégation de l’Union européenne au Liban de l’époque, l’ambassadeur Patrick Renauld, avait établi la raison d’être de cette récompense. Le Prix Samir Kassir a été créé par l’Union européenne pour rendre hommage aux journalistes du Moyen Orient, d’Afrique du Nord et du Golfe engagés dans la couverture des sujets liés aux droits de l’homme, à la bonne gouvernance, l’Etat de droit, la lutte contre la corruption, la liberté d’expression, le développement démocratique et la participation citoyenne.
Cette initiative de l’Union européenne a été soutenue et encouragée par les amis de Samir Kassir qui, le 1er février 2006, lanceront officiellement la Fondation Samir Kassir. Le Prix entend « légitimer la liberté de pensée et encourager la liberté de la presse dans les pays ayant souscrit au Partenariat euro-méditerranéen, pour marquer leur rejet de la violence, l’intimidation, la menace et toutes les tentatives répétées et constantes de verrouiller la liberté d’expression ».
Le Prix a été décerné la première fois le 2 juin 2006, date de commémoration de l’assassinat de Samir Kassir. Lors de cette première édition, deux récompenses ont été attribuées, à deux journalistes. En 2007 et 2008, le Prix Samir Kassir couvrait deux catégories : le meilleur article et le meilleur mémoire universitaire de master. Le Prix a évolué d’une année à l’autre : de 2009 à 2012, le Prix s’est de nouveau concentré sur le journalisme écrit, récompensant le meilleur article d’opinion et le meilleur article d’investigation. En 2013, une troisième catégorie a été lancée, celle du meilleur reportage audiovisuel d’information. En 2020, en raison de la pandémie de COVID-19, l'annonce du Prix a été retardée jusqu'au 10 septembre lors d'une émission télévisiée.
Depuis la première édition du Prix en 2006, 38 récompenses ont été attribuées à 36 journalistes et chercheurs, dont 22 hommes et 15 femmes. Les lauréats comptent des journalistes en exil et d’autres qui ont couru de grands dangers dans l’exercice de leur mission, faisant face à la persécution et aux menaces à leur liberté d’expression et à leur vie.
Deux lauréats ont gagné le Prix à deux reprises, le journaliste libanais Habib Battah en 2006 et 2011, et le journaliste irakien Asaad Zalzali en 2017 et 2018. Le Prix a été attribué à 11 reprises à des lauréats égyptiens, sept fois à des lauréats libanais et syriens, trois fois à des lauréats palestiniens et irakiens, deux fois à des lauréats tunisiens et marocains, ainsi qu’à un lauréat libyen, jordanien et algérien.
Chaque année, un jury composé de sept personnalités de nationalités et de parcours différents. Le jury compte quatre membres du monde arabe et trois de pays membres de l’Union européenne. Les jurys ont regroupé des journalistes, professionnels des médias, défenseurs des droits de l’homme, chercheurs, militants de la société civile, et anciens officiels politiques reconnus pour leur contribution dans la promotion des droits de l’homme.
Le Prix Samir Kassir est ainsi devenu la récompense la plus prestigieuse dans le monde du journalisme au Moyen Orient, en Afrique du Nord et dans le Golfe, reconnu mondialement comme l’une des principales distinctions auxquelles aspirent les journalistes.
Composition du jury :
2006 : Hassan Balawi (Palestine), Richard Bteich (Allemagne), Ariane Bonzon (France), Walid Choucair (Liban), Perilhou Henri (France), Elias Khoury (Liban), Henri Mamarbachi (Liban), Fouad Naïm (Liban) et Massimo Tommasoli (Italie).
2007 : Tomas Alcoverro (Espagne), Mohammed Ali Atassi (Syrie), Ziyad Baroud (Liban), François Bonnemain (France), Pierre El Daher (Liban), Walid Kassir (Liban), Jim Muir (Royaume-Uni), Hassan Tlili (Tunisie) et Layla Al Zubaidi (Allemagne).
2008 : Jean-Paul Chagnollaud (France), Ghassan El Ezzi (Liban), Carole Habib Kassir (Liban), Alistair Lyon (Royaume-Uni), Delphine Minoui (France), Hazem Saghieh (Liban) et Hani Shukrallah (Egypte).
2009 : Jad Al Akhaoui (Liban), Nora Boustany (Liban), Sari Hanafi (Palestine), Roula Khalaf (Liban), Franck Mermier (France), Monica Prieto (Espagne) et Lamia Radi (Egypte).
2010 : Ahmed Reda Benchemsi (Maroc), Amine Kammourieh (Liban), Birgit Kaspar (Allemagne), Jamal Khashoggi (Arabie Saoudite), Nahida Nakad (France) et Maya Yahya (Liban).
2011 : Samir Aita (Syrie), Rula Amin (Palestine), Neji Bghouri (Tunisie), Mona Eltahawy (Egypte), Dominic Evans (Royaume-Uni), Maroun Labaki (Belgique) et Najib Khairallah (Liban).
2012 : Lamis Andoni (Palestine), Lasaad Ben Ahmed (Tunisie), Gabriel Deek (Liban), Anne-Marie El Hage (Liban), Hisham Kassem (Egypte), Lorenzo Trombetta (Italie) et Saad Tazi (Maroc).
2013 : Shirine Abdallah (Liban), Geraldine Coughlan (Royaume-Uni), Philippe Dessaint (France), Ghazanfar Ali Khan (Inde), Sami Moubayed (Syrie), Diana Moukalled (Liban) et Samia Nakhoul (Liban).
2014 : Ghaith Abdul Ahad (Irak), Sanaa El Aji (Maroc), Hind Darwish (Liban), Marc Marginedas (Espagne), Laila El Raiy (Egypte), Christoph Reuter (Allemagne) et Marc Saikali (France).
2015 : Nada Abdel Samad (Liban), Christophe Ayad (France), Sahar Baassiri (Liban), Magnus Falkehed (Suède), Mary Fitzgerald (Irlande), Malek Khadraoui (Tunisie) et Rana Sabbagh (Jordanie).
2016 : Khalil Abdallah (Palestine), Frédéric Domont (France), Fatemah Farag (Egypte), Sanaa El Jack (Liban), Natalie Nougayrède (France), Alberto Toscano (Italie) et Michael Young (Liban).
2017 : Yassir Mani Benchelah (Algérie), Martin Chulov (Australie), Mark Daou (Liban), Alfred Hackensberger (Allemagne), Michel Hajji Georgiou (Liban), Amina Khairy (Egypte) et Isabelle Lasserre (France).
2018 : Adnan Hussein (Irak), Khairallah Khairallah (Liban), Rami Khouri (Jordanie), Leila Shahid (Palestine), Albana Shala (Pays-Bas), Benoît Thieulin (France) et Aidan White (Royaume-Uni).
2019 : Fadi El Abdallah (Liban), Ammar Abd Rabbo (Syrie), Baria Alamuddin (Liban), Sofia Amara (Maroc), Thanassis Cambanis (Grèce), Alessio Romenzi (Italie) et Biljana Tatomir (Croatie).
2020: Bakhtiar Amin (Irak), Thijs Berman (Pays-Bas), Sam Dagher (Liban), Farouk Mardam Bey (Syrie), Bessma Momani (Jordanie), Audrey Pulvar (France), and Cecilia Uddén (Suède).
INFORMATIONS POUR LES CANDIDATS:
Email: coordination@prixsamirkassir.org
Tel: +32 496 129 539
LE PRIX SAMIR KASSIR EST DÉCERNÉ PAR L’UNION EUROPÉENNE.
Plus de détails sur ses activités:
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Délégation de l'Union européenne au Liban
PARTENAIRE
FONDATION SAMIR KASSIR
www.samirkassirfoundation.org
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